Quelques aspects de l'esthétique de la musique japonaise

La musique traditionnelle classique japonaise a un caractère méditatif, surtout du fait que le répertoire de la musique solo du shakuhachi a été au départ créé par les moines Zen bouddhistes. L’interprétation de la musique japonaise est très ritualisée. Le tempo est généralement lent, posé et, effectivement, méditatif, sans structures melodiques, tonales ou rythmiques clairement définies, ce qui peut être déconcertant pour un occidental habitué à une musique plus rythmique. On discerne des mélodies, une rythmique, des structures musicales, mais ces dernières n’ont rien de bien commun avec la musique occidentale. À bien des égards, la musique japonaise démontre un caractère plus impressioniste que tonal ou mélodique. Les pièces de musique japonaise font références ou bien à des thèmes de la nature ou spirituels.

L’enseignement et l’interprétation de la musique japonaise ont un caractère fort spirituel. Dans son apprentissage de cette musique, le musicien doit intégrer autant une technique musicale qu’une philosophie de la musique et une spiritualité intérieure qui est unique au Japon. Traditionnellement, les auditoires japonais recherchent généralement cet état spirituel intérieur chez les musiciens. Cette spiritualité que doit démontrer le musicien a parfois plus d'important que sa technique et connaissance de son instrument. Cela a bien sûr changé au 20e siècle avec l’influence occidentale, mais ces principes demeurent quand même, surtout en ce qui a trait à la musique traditionnelle.

Au Japon, un des principes premiers gouvernant l’univers est le temps, et non un dieu ou l’homme, mais un temps qui est une énergie perpétuellement en mouvement et à travers laquelle tout évolue et est en « devenir ». Ce concept de « devenir », ou naru, est très important, surtout en musique traditionnelle, ainsi que dans toutes les formes d’art. Chaque art évolue à travers son naru, que ce soit le mouvement musical, le mouvement gestuel du peintre, du sculpteur ou du potier, incitant par conséquent à ritualiser tous les gestes qu’un artiste pose. Si les mouvements de l'artiste ne sont pas ritualisés, le naru, soit l'oeuvre en devenir ne se créera pas comme il se doit.

Un autre principe fondamental dans les arts japonais est la notion du ma, qui est généralement traduit par espace, mais un espace sensoriel et non physique. Un exemple permettra de mieux comprendre cela. La position des meubles et des éléments décoratifs dans une pièce se fait non pas en fonction de leur position physique spécifique, mais en fonction de leur position dans l’espace lorsqu’il sollicite les sens lorsqu’on les perçoit. Un kimono suspendu dans un salon de thé sollicite l’œil pour sa beauté mais aussi le touché pour l’impression qu’il laisse de porter un si beau kimono. Une calligraphie présentant un poème sur un oiseau particulier, sollicite notre imagination face à cet oiseau. La position de ce kimono et de cette calligraphie sera faite de façon à ce que nos sens soient sollicités dans un temps différent et un ma, ou espace sensoriel différent. En musique, ce ma s’exprime pas l’introduction d’une note, la façon qu’elle est jouée, la longueur qu’elle est tenue jusqu’à sa fin, ainsi que le silence entre cette note et la prochaine note. Le ma est un espace temporel et spirituel.

Vous trouverez une description plus détaillée en lisant mon article Une courte histoire de la musique japonaise, sur ce site.

Quelques suggestions de CDs de musique japonaise

Voici une liste de suggestions de CDs de musique japonaise interprétée tant par des musiciens japonais que des musiciens occidentaux.

 

Musique de koto, avec shakuhachi

  • Masayo Ishigure avec Marco Lienhardt au shakuhachi, Grace, Miyabi, 2002, Produced by Mayaso Ishigure.
  • Tani Senzan (shakuhachi), Tanaka Yoko (koto), Evening Snow, Oasis Productions, 1988, WMS101.
  • Toshiko Yonekawa, Koto, KOTO, Nippon Columbia, 1997, COCF 14675-5.
  • Tomoko Sunazaki, Tegoto, Fortuna Records, 1986, 17068-2.
  • Masters of Zen, Playasound, 1993, PS 65153.
  • Tadao Sawai, Koto Music, Tadao Sawai plays Michio Miyagi, Playasound, 1996, PS 65180.
  • Japan - Shakuhachi and Koto, Air Mail Music, 2000, SA 141056.
  • Lullaby for the Moon, Hemisphere, 1997, 7243 8 59271 2 6.
  • Rie Yanagisawa (koto, shamisen, voice) and Clive Bell (shakuhachi), Kurokama, Saydics, 1988,CD-SDL 367.

Musique traditionnelle de shakuhachi, musiciens japonais

  • Yoshio Kurahashi, Kyoto Spirit, Sparkling Beatnik Records, 1999, SBR 0007.
  • Yoshio Kurahashi, Aki no Yugure, Sparkling Beatnik Records, 2001, SBR 0026.
  • Katsuya Yokoyama, Shakuhachi, The art of Yokoyama Katsuya, King Record, 1995, KICC 5201.
  • Kinshi Tsuruta (biwa), Katsuya Yokoyama (shakuhachi) Japon, Ocora, 1994, C 580059.
  • Kohachiro Miyata, Japan, Shakuhachi – The Japanese Flute, Elektra Nonesuch, 1991, 9 72076-2.
  • Tani Senzan, Zen Spirit, Oasis Productions, 1992, WMSCD102.
  • Kuniyoshi Sugawara, Masters of Zen, Ugetsufu, Playasound, 1996, PS 65155.
  • Yoshizaku Iwamoto, L’esprit du vent, BUDA Records, 9264-2.
  • Japon, Splendeur du shakuhachi, Playasound, 1994, PS 65130.
  • Teruhisa Fukuda, Shakuhachi - École Kinko, OCORA, C 560184, 2003.
  • Teruhisa Fukuda, L'art du shakuhachi, ALM Record ALCD-3068, 2004.
  • Akikazu Nakamura, The World of Zen Music SAJI. DENON, COCJ-30465, 1999.

Musique traditionnelle de shakuhachi, musiciens occidentaux

  • Riley Lee, Autumn Field, Tall Poppies, 1996, TP138.
  • Ronnie Nyogetsu Seldin, Komuso, The Healing Art of Zen Shakuhachi, The Relaxation Company, 2000, CD 3217.
  • Ronnie Nyogetsu Seldin, The Empty Bowl, Sparkling Beatnik Records, 1999, SBR0010.
  • Ray Brooks. Zen Shakuhachi, Japanese Bamboo Flute, Imagine, IND-2203.
  • Richard Stagg, Shakuhachi, The Japanese Bamboo Flute, ARC Music, 1995, EUCD 1103.
  • Jürg Fuyûzui Zurmûhle & Ueli Fuyûru Derendinger, Traditional Music For Two Shakuhachi, Suisha, 1999, 290899-2.
  • John Singer & Mizuno Kohmei, Zen Shakuhachi Duets, Empty Bell Music, 1992, JS-05 CD.

Musique de shakuhachi, moderne, jazz et autres

  • Michel Dubeau, Haïku, Lost Chart, 2000, WC 2010.
  • Michel Dubeau, Gakki, Lost Chart, 1997, LC 1016.
  • Hozan Yamamoto, with Ravi Shankar, Towards the Rising Sun, Deutsche Grammophon, 1978, 449 599-2 .
  • John Kaizan Neptune, Shakuhachi Mellow Jazz, Victor Entertainment, JKN-1839.
  • Akikazu Nakamura, ZOOM – Kokoo, King Record, 2001, KICP681.
  • Hozan Yamamoto, Otono, 1997, NUBA, 7763.
  • Joji Hirota, The Gate, Real World, 1999, 7243 8 47740 2 8.
  • Philip Gelb, The space between between / waves, Sparkling Beatnik Records, SBR0006.

Musique d’ensemble et de chambre

  • Japon, Musique semi-classique et folklorique, Auvidis/Unesco, 1989, D 8016.
  • Ensemble Nihon no Oto, Japon, Musique traditionnelle de chambre, Auvidis Ethnic, 1993, B 6784.
  • Ensemble Nipponia, Japan, Traditional Vocal & Instrumental Music, Elektra Nonesuch, 1976, 9 72072-2.
  • The Yamato Ensemble, The Art of the Japanese Bamboo flute and Koto, ARC Music, EUCD 1248.
  • The Yamato Ensemble, The Art of the Japanese Koto, Shakuhachi and Shamisen, ARC Music, EUCD 1364 .
  • Japon, Splendeur du shamisen, Playasound, 1994, PS 65129.
  • Ensemble Nipponia, Japan, Kabuki & Other Traditional Music, Elektra Nonesuch, 1980, 9 72084-2.
  • Junko Ueda, satsuma-biwa, Japon, L’épopée des Heike, VDE, 1990, CD-650.
  • Ensemble Kineya, Japon, Nagauta (musique de Kabuki), Ocora, 2000, C 560144.
  • JAPAN, Music of the Noh Theatre, JVC, 1994, VICG-5355.
  • Japan, Gagaku, Court Music of Japan, 1994, VICG-5354.
  • Kyoto Imperial Court Music Orchestra, Gagaku, The impérial Court Music of Japan, Lyrichord, LYRCD 7126.
  • Kohei Nishikawa, Flutist from the East, vol. 1, Live Notes, WWCC-7280.
  • Kohei Nishikawa, Flutist from the East, vol. 2, Live Notes, WWCC-7297.
  • Andrew MacGregor with Miho Uamaji. Ren-Men, Japan World Music, AMS03.
  • Andrew MacGregor with Haruko Watanabe. Mizuho. Japan World Music, JWM04.

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